Chanson conseillée après la lecture : “Tes états d'âme Eric” de Luna Parker
Quand je suis dans ma campagne, je vais souvent marcher autour de chez moi. J’aime à dire que je vais marcher “dans mes champs”. J’étais sur la route quand soudain, je suis tombée nez à nez avec un crapaud mort. J’étais médusée. Il était si beau. Moi qui ai toujours “peur” des animaux morts. Quand je conduis et que j’aperçois une tâche sur la route, je détourne souvent le regard en faisant une prière pour l’animal. Là, il y avait quelque chose de différent. C’est comme s’il avait été posé là pour que je le trouve… Il avait les yeux grands ouverts, sa peau semblait tellement fraîche. Seul un amas de quelque chose sortait de sa bouche, une crise cardiaque a-t-elle provoqué cet immobilisme ?
Lorsque je l’ai vu et que j’ai compris, je me suis mise à pleurer. J’étais émue devant tant de beauté. J’avais du mal à croire que son élan de vie s’en était allé tellement il était beau. Pourtant, il ne bougeait plus. J’avais beaucoup de peine à voir cette créature divine inerte. Il était étendu là, sur le macadam. Je me refusais à le laisser là sans l'honorer. Il était seulement à quelques centimètres de l’étendue d’herbe et je me suis dit que je pouvais lui offrir une sépulture, une humusation, un retour à la terre.
Quelques jours auparavant, j’animais un cercle sur la mort, et je disais combien ce mode d’enterrement me paraissait sain et naturel.
Je ne savais pas comment l’attraper. J’ai essayé avec les mains mais c’était trop pour moi… Hors de question aussi de le laisser là et d'aller chercher quelque chose à la maison. Maintenant que je l’avais trouvé, je me refusais de le laisser seul. Alors j’ai pris un bout de bois et je l’ai poussé délicatement sur l’herbe. J’ai fait une prière et je l’ai recouvert de feuilles mortes.
Je trouvais la coïncidence troublante de le trouver ce jour-là après avoir passé une semaine à parler de mon Syndrome Petite Sirène, et d’avoir enfin fait le deuil d’une ancienne histoire amoureuse où j’avais surnommé cette personne “ma grenouille”…
Aussi, il y avait dans ce geste, une réconciliation à la matière, comme un ancrage, une acceptation de notre condition humaine et physique ; moi qui avait eu tant de mal à accepter cette incarnation de chair petite. J’ai toujours été sûre depuis ma plus tendre enfance que médecin ne serait pas un métier pour moi, je refusais toute dissection, même pour manger et je n’envisageais pas le don d’organes. Il y avait quelque chose de trop sacré. Dans ce geste, dans ce crapaud mort intact, dans sa grâce, dans mon accompagnement vers sa mort terrestre, j’acceptais soudainement notre condition.
J'ai découvert la théorie du Syndrome La Petite Sirène en même temps que je fréquentais” la grenouille"… Juste avant ma décision de déménager de chez moi, et finalement, pas très loin de chez lui ! Ce truc où tu es Ariel, une meuf badass, qui certes croit que l'herbe est plus verte ailleurs, mais qui en veut… a des rêves ! Et puis, elle voit le Prince Eric et là elle perd toute ambition… La seule chose à laquelle elle pense, c'est se faire embrasser par Eric ! Elle est alors obsédée par ça, perd tous ses moyens et est incapable d’avancer dans ses projets.
J'ai été dans cette configuration tellement de fois ! Un peu comme si je n’étais complète ou que ma vie ne pourrait être belle QUE si je me faisais sauver par un beau destrier au cheval blanc, ou que j’embrassais un crapaud à couronne... Pourtant, mon crapaud cette semaine était bel et bien sans couronne et mort qui plus est !
Mon hypnothérapeute me le disait souvent : que je n’avais pas besoin d’être sauvée. Que je me sauvais seule, comme dans l’histoire originale du Petit Chaperon Rouge où elle est assez maline pour embrouiller le Loup et se sauver sans bûcheron… Oui, mais voilà, en sortant de son cabinet, le grand cheval blanc était là, sur un immeuble Hermès.
Je n’ai compris qu’il y a quelques semaines quand mon système nerveux était en alerte maximale avec des insomnies à répétition car je revisitais un trauma que… j’ai été conditionnée depuis le berceau :
“Papa comment tu faisais quand j’étais petite pour m’endormir ?
- Oh ben je te chantais : Une chanson douce… que me chantait ma maman”
Or, cette chanson parle d’une biche sauvée par un preux chevalier… à moins que… elle ne signifie qu’à deux, la biche et le chevalier, ils seront juste plus fort contre l’adversité, aka le loup.
“Le loup, on s'en fiche ; Contre lui, nous serons deux.” Je sais que mon papa me transmettait juste les valeurs familiales chères à son cœur, d’un amour qui dure et qui rend plus fort.
Je vous laisse découvrir le podcast qui explique le Syndrome Petite Sirène super bien (en anglais) en trois épisodes avec une fin alternative écrite par Brit Marling (The OA) et interprétée notamment par Jodie Foster (rien que ça !) : Part 1 - Part 2 - Part 3.
Je trouvais que le Prince Eric avait le charisme d’une huitre, et j’ai soudainement repensé à La Belle Au Bois Dormant et au Prince Phillip qui combat un dragon pour être avec elle. Son dragon intérieur ?! Je trouvais ça “plus sexy”. Mais après avoir revu le dessin animé de Disney, je suis plus mitigée ! Trop de ce que j’appelle le “Syndrome Reine des Neiges” dedans : aka - si tout le monde s’était parlé, avait communiqué, il n’y aurait ni malentendu, ni histoire, ni film… Et la seule chose qui caractérise Aurore est qu’elle est en communion avec la nature et veut tomber amoureuse d’un prince… Mmh… Syndrome de la Petite Sirène here we are again ! Elle est surprotégée en plus, cela ne me donne pas envie de m’identifier à elle…
Finalement, exit les contes de fée, je suis une SuperGirl, qui a transformé sa kryptonite - aka l’amour c’est dangereux - en une émeraude douce et précieuse. Je suis désormais prête à recevoir et à rencontrer celui qui aura transformé sa blessure en un super pouvoir pour lui et pour le monde, sans tout détruire sur son passage. Parce qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités ! 😂