Comment j'ai arrêté les antidépresseurs ?
spoiler : soigner le symptôme ne soigne pas le problème de fond
Une personne m'a avoué prendre des antidépresseurs et cherchait une alternative pour pouvoir s'en passer et aller bien. Cela m'a renvoyé à mon propre parcours.
Je venais de rompre avec mon copain, l’environnement dans lequel j'évoluais professionnellement avaient des risques psychosociaux avérés… bref c’était pas la joie. Un simple texto pouvait parfois me mettre en panique. Je me souviens d'ailleurs d'une fois où cela est arrivé. Je venais d'arriver au boulot. Une collègue me croise aux toilettes, voit ma détresse et me propose de respirer dans un sac en papier (oui, comme dans les films). Et puis, elle me glisse une phrase genre “Si besoin, prends des antidépresseurs, il n'y a pas de honte, on en prend tous.” J'avoue que cela m'a choqué. A quel moment, est-ce normal de se bourrer de médicaments pour aller bien ? A quel point est-ce normal que cela soit si courant ? Il faut dire que j'ai parfois été chez des généralistes à Paris, pas super en forme, c'était la première fois que je les voyais, et ils me faisaient une ordonnance de ce type directement sans vérifier les antécédents. Personnellement, je trouve cela assez grave surtout quand on sait que cela crée une accoutumance. Et une fois le traitement commencé, il est difficile de se sevrer.
Mes amis me voyant de plus en plus mal, certains ont insisté pour que j'aille voir un psy et je les remercie. Je suis tombée sur un psychiatre très ouvert et attentif. Il a d’abord insisté sur le fait qu’il ne souhaitait rien me prescrire car mon besoin était avant tout de renouer avec mes émotions… c’est précisément là que j’ai découvert mon rapport au corps. Je me souviens encore de la première fois où il m’a dit “Où ressentez-vous votre angoisse ? Quelle forme elle a ? Quelle matière ?”. J'avais l'impression qu'il me parlait chinois, et ce qui m'a le plus surprise c'est de ressentir quelque chose en réponse à ses questions !
Malgré toute sa bonne volonté et son professionnalisme, je restais englué dans mes problématiques… Je voulais tellement m'en sortir que je suis allée voir un autre praticien en parallèle avec son accord (une ouverture d’esprit de dingue ce psychiatre, je vous dis) : un acupuncteur qui, très vite, m’a proposé du millepertuis, un antidépresseur naturel, pas toujours compatible avec d'autres médicaments. Je persistais à la posologie de mon psychiatre dont la principale recommandation était la méditation. Je faisais du mieux que je pouvais mais j’étais tellement mal que je restais dans mon mental et faire le vide était difficile. Je pratiquais pourtant déjà depuis 2 ans avec l'application Headspace. Elle m'avait valu d’éviter de foutre en l'air ma relation de couple à l'époque, grâce à un procédé d'identification de pensées vs émotions (encore elles !). La suite a été une catastrophe. Je reproduisais les mêmes schémas encore et encore, ne faisant que renforcer mes fausses croyances. C'est là qu’il a capitulé et m’a donné une ordonnance, en me disant que c'était seulement une béquille. Entre-temps, on avait cherché dans l'alimentation, mon état était aussi en partie dû à des carences alimentaires.
Trois ans après avoir franchi la porte de son cabinet, j’habitais avec mon nouveau copain. Le confinement était pour moi le moment parfait pour arrêter les antidépresseurs. Tout allait bien dans ma vie, du moins c’est ce que je pensais. J’ai donc profité de cette immobilisation pour les arrêter. J’avais beau être en microdosage, quand j'oubliais un cachet, j’avais la tête qui tourne... Le sevrage a été plutôt facile dans ce contexte, mais c’était sans compter l’arrêt du confinement qui a sonné le glas de ma relation sans prévenir. Mon ex n’a jamais prononcé le mot rupture, il a fallu que je confronte son silence pour comprendre qu’il voulait que je parte de chez lui où je m’étais installée. Je vous laisse imaginer mon état.
Mes crises d’angoisse ont recommencé, on s’est mis d’accord avec mon psychiatre pour que je reprenne le traitement mais à la moitié du dosage seulement. Je me suis promise que c’était la dernière fois et que je viendrai à bout de ces putains de crises d’angoisse provoquées par ma dépendance affective.
Pendant la Mindset Retreat animée de force en distanciel par Fabienne Fredrickson ce mois de mai 2020, j’avais entendu parler du pouvoir de l'inconscient construit pendant nos 7 premières années et que 95 % de nos comportements étaient dictés par celui-ci ! J’ignore si tu te rends compte de la puissance de cette information ? C’est là que j'ai décidé de me reprogrammer et d'aller voir une hypnothérapeute. Ses coordonnées sont littéralement tombées du ciel lorsque ma prof de yoga m'a confié y être allée alors que j'en cherchais une. C'était reparti pour une longue partie de séances. En vrai, j’ai ressenti les effets très vite au bout de quelques mois. Mon ex me faisait ce cadeau de vouloir rester en contact tout en me tenant à distance, ce qui générait beaucoup de mal-être, mais me permettait de mesurer mes progrès. (Oui, jetais sous emprise, oui c’était toxique).
Petit à petit, l’hypnose m’a permis d’arrêter les antidépresseurs avec en parallèle, la mise en place d'un programme d'hygiène de vie béton pour être sûre de ne pas rechuter. Rendez-vous avec une naturopathe : recommandations pour le sommeil, on a réintégré des protéines aux repas le plus possible, le yoga toutes les semaines et marcher tous les jours… J’ai continué à consulter mon hypnothérapeute ensuite alors que j'allais mieux, j'avais besoin de soutien. Elle désapprouvait, ce qui prouve toute son éthique. Un bon praticien vous autonomise. Puis bonus, avec une autre naturopathe, j’en ai profité pour mettre en place ce que je rêvais depuis mes 14 ans : être végétarienne à temps plein (j’avais arrêté la viande rouge avant que ce soit trendy). Mais c’est une autre histoire !
A ce stade là, vous vous dites peut-être : “olala mais ça coûte cher un psy etc !”. Oui : c'est vrai, c'est un budget… et un choix. Pour vous donner un exemple, pour mon psychiatre, j'ai fait le choix de rester dans mon job toxique plus longtemps aussi pour cette raison : la mutuelle payait intégralement mes séances. Pour le reste… mon bien-être est mon budget numéro un. Comment accomplir ses projets et ses rêves si on est mal dans son corps et dans sa tête ?
Je vais vous dire la vérité : c'est long. Il m'arrive encore à des moments de ressentir ce sentiment d'angoisse, à moindre échelle… mais pas plus tard que vendredi dernier, j’étais en pleurs dans ma voiture. La différence c’est que je l’ai apprivoisé ma blessure d’abandon, cette old friend. Je la connais bien ! J’ai arrêté de la combattre, je vis avec. J’ai les outils pour, l’expérience, le recul. J’apprends à accepter mes imperfections. Je fais aussi appel à des moments ressources dans ces moment-là, auxquels je peux me raccrocher, comme cette merveilleuse journée Contre-Addictions organisée par Rose et Marine passée récemment. D'ailleurs je crois qu'elle en refont une bientôt !
Si ça te dit d'en entendre plus sur mon histoire, j'ai interviewé Alexandre Cormont, coach notamment pour récupérer son ex. Oui, j’assume, ça fait partie de mon histoire. J'étais très fière de l'interviewer et de parler de mon parcours sur comment je m'en suis sortie. Tu peux l'écouter sur youtube ou les plateformes de podcasts. Ah oui, parce que si tu le savais pas, j’ai un podcast qui s’appelle Tu peux être qui tu veux. Un nouvel épisode sort bientôt (enfin !)
Bon dimanche.
Et comme d'habitude, au plaisir de te lire en retour, je te répondrai.