Il y a quelques jours, je regardais une vidéo d'Axel à la Star Academy, complètement mortifié à l'idée des évaluations de cette semaine. J'ai vraiment eu de la peine et je me suis soudainement demandée pourquoi j'aimais autant ce programme.
Au fond, les valeurs véhiculées ne sont pas différentes de celles de l'école. On travaille pour progresser et notre niveau est évalué par une note. A la fin, ces notes nous donnent le sésame pour continuer ou non nos études dans la voie choisie. Or, je crois à l'égalité des chances et que le diplôme ne fait pas la carrière. C’est ironique parce que je donne des cours, même si la partie notation est ce que j'aime le moins. Je me renseigne sur des alternatives d’enseignement comme Montessori ou le Unschooling. Cette dernière méthode est carrément lunaire : on laisse la responsabilité à l'enfant d'apprendre ce qu'il a envie d'apprendre et quand. Il faut un sacré lâcher prise aux parents pour mettre cela en place. J'ai hâte de voir le documentaire Etre et Devenir sur le sujet. Je suis pourtant déjà ébahie par certaines histoires : certaines personnes n'ont donc fait aucune étude mais ont osé proposer certains projets en autodidacte et ont réussi à s'insérer avec brio dans la société… sans se poser les barrières du “je ne peux pas“.
Axel disait “J'ai envie de faire un single maintenant, je n'ai pas envie d'être le seul des 5 à regarder les autres chanter leurs singles pendant la tournée.“ On en est là. Une compétitivité extrême sur un rythme où ils sont mis à rude épreuve ; sans répit, en groupe et sans intimité. Les artistes de la profession qui passent au château saluent leurs performances. Ils travaillent tous les jours à une cadence effrénée, avec une émission télé à préparer et à défendre chaque samedi ; au milieu des évaluations où un de leur camarade part chaque semaine. Je ne suis pas étonnée qu'ils craquent, soient malades avec les émotions en dents de scie.
Hélena répond à Axel qu'il pourra le sortir en dehors, son single. Je me suis dit quelle avait tellement raison, mais comment ne pas comprendre la pression que se met Axel ? Nous vivons dans une société compétitive, où on nous a martelé pendant des années qu'il n’y a pas de travail pour tout le monde, qu'il faut gravir les échelons et que sinon on ne pourra pas réussir en dehors du système, ou que ce sera forcément plus dur. Pourtant, des artistes qui ont réussi en faisant autrement, il y en a plein. Je pense par exemple à Yseult qui a gagné les Victoires de la musique tout en étant indépendante récemment.
La vraie question est : comment au milieu de cette compétitivité apprise dès le berceau, intégrer ce sentiment d'appartenance pourtant inhérent à notre nature humaine ? Comment se sentir à sa place quand par définition, toute la société nous crie qu'il faut la mériter ? Comment survivre dans une société où la logique est aussi imprévisible que l'organisation des évaluations au château ou du vote du public ? Comment être compétitif quand on ne souhaite pas obtenir sa place au détriment des autres car on est foncièrement bienveillant ? Comment accepter d'être soi-même quand toute sa vie on a lutté pour convenir aux normes demandées ?
Au-delà du programme, je me suis demandée pourquoi, comme tout le monde, je suis tombée amoureuse d’Axel dès le premier prime qu'il a ouvert avec brio ; mais que non, je ne l'ai pas “abandonné” quand il a commencé à taper sur les nerfs du plus grand nombre. Peut-être simplement parce que je me reconnais dans ce garçon…
Je vous laisse avec une très belle intervention de Michèle Laroque envers Axel. Elle parle du fait d'être artiste et de la scène, mais je pense que cela peut se transposer à chacun d'entre nous :
“ Au début, tu m'as émue parce que tu avais l'enfant ému à l'intérieur de toi, qui avait des joies énormes. C'est une aventure très difficile, il y a des enjeux. Il n'y a rien à perdre quand vous arrivez. Et après, il ne faut pas avoir quelque chose à perdre car vous n'allez pas être assez généreux.
Vous allez avoir peur. Du coup, quand on veut faire BIEN, on fait comme quelqu'un d'autre.
Il faut avoir la générosité de parfois se planter mais d'y être allé à fond. Vous avez l'occasion quand vous vous plantez, d'être aussi excellent à d'autres moments. On est tous des artistes parce qu'on est hypersensibles.
On a un enfant heureux en nous et un enfant qui a été malheureux. L'enfant heureux c'est celui qui est plein de joie et l'enfant malheureux c'est celui qui est hypersensible, donc on l'adore. Il a joué un grand rôle, mais il ne faut pas que ce soit celui qui nous guide.
Soyez heureux ! Rappelez vous de la joie que vous avez eu quand vous êtes arrivés, quand vous aviez tout à partager et à transmettre ! N'essayez pas de plaire ! Donnez pour aimer, pour transmettre et vous allez recevoir… 10 fois plus. Soyez généreux.
Si un joueur de tennis rate un jeu, il ne va pas y penser après, sinon il va rater tous les autres. Il se pardonne d'avoir raté le jeu, et puis il va gagner le set, et puis le match... N'essayez pas d'être bons, soyez bons ! Uniques comme vous êtes ! On n'est pas parfait. Un très bon vin, c'est un vin qui a des défauts, il est unique, il faut s'aimer assez.
Je te regarde Axel parce que tu veux être parfait souvent. Il faut s'aimer assez pour s'aimer comme on est. L'enfant malheureux a des comptes à régler encore, il ne faut pas avoir envie de régler ses comptes sur scène. Il faut arriver avec une super énergie. J'ai travaillé, j'ai un don… il n'y a plus qu'à transmettre. “
Source image : Twitter (X n'existe pas dans ma réalité)
J’ignore qui est Axel et toutes ses questions mènent vers une danse : vivre selon ses règles et construire son monde. 🙌🏼