C’était le 4 octobre. Il y a parfois des journées où tout converge. Où je sais par avance qu’il se passera quelque chose. Les fantasmes s’invitent parfois. La réalité est autre. Néanmoins, la direction est là, même si elle se manifeste toujours différemment de ce que j'avais imaginé.
Le 4 octobre 2024, j’ai vu un ami… et une autre amie a annulé notre dîner.
Je suis à Paris. Je suis rentrée “chez moi” calmement mais sans conviction. Bizarrement, la déception est absente mais il y a cette envie d’être vivante, de ne pas se morfondre. Comme un goût d’inachevé. Et je me suis soudainement souvenu que j’avais eu l’élan, l’intuition quand j’avais vu l’annonce sur Instagram : Lucie Bernardoni joue ce soir au Casino de Paris dans une comédie musicale reprenant les chansons de Sardou. Je m’étais ravisée. Bien qu’un argument de taille s’est rajouté à l’affiche de ce soir : Axel Marbeuf, un participant de la Star Academy 2023, pour recontextualiser, et un de mes chouchous donc.
« Mais je peux y aller du coup ! » me dit une voix dans ma tête.
« Quand rien n'est prévu, tout est possible » dit Antoine de Maximy.
La potentielle déception se transforme en élan de vie. Me voilà courir pour prendre le métro et regarder s’il reste des places. Je la prendrai en arrivant. Ce sera le meilleur moyen de décider. Arriver à 20h pile, début présumé de la représentation. Il y a un amusement, du sourire de l’équipe, je le sens. On me conseille bien. On me souhaite un bon spectacle. Je suis bien placée pour pas trop cher, je suis dans la salle.
Je suis dans la salle… Je vais respirer une nouvelle fois le même air qu’Axel Marbeuf pour la deuxième fois… La première, c’était le concert de la Star Ac à Limoges (oui Limoges, je marche sur les traces de mes 20 ans : une ville, un concert et la visite à une amie).
Je retrouve d’ailleurs ce même enthousiasme ce soir. Celui de l’impossible qui devient possible. Comme toutes ces dates parcourues en France pour voir ces stars vues à la télé ou découverte avant l’heure. Mais “qui est cette Rose ?” me disait-on quand j’allais la voir en première partie en 2006, avant de me dire quelque temps plus tard “j’ai vu ta chanteuse à la télé“ quand son succès a explosé avec “La liste“. Journaliste jeunes talents avant l’heure ? Sans doute !
Alors me voilà… dans cette salle. Axel a un petit rôle. Tout petit certes, mais bien interprété. Ce qui me surprend avec « Je vais t’aimer », nom de cette comédie musicale qui se déroule devant mes yeux, c’est que je me laisse totalement happer par l’histoire. Cette jeunesse des années 80s, les parents qui aiment le paquebot France. Entre Etats-Unis, Algérie française et métropole. Disait-on métropole à l’époque ? Je remonte en enfance ce soir au milieu de mes origines familiales pieds noirs, Nostalgie qui résonne à la radio et les histoires de ma grand-mère. Les non dits d’autres histoires familiales peut-être et me voilà alors amenée jusqu'à l’entracte…
Je me sens bien dans cette salle. Comme un poisson dans l’eau. J’en ai fait des concerts seule, je ne compte plus. Fut un temps où j’avais + peur d’aller au cinéma seule qu’en concert. Il faut dire aussi qu’à un moment, c’était mon métier, repérer les jeunes talents, invitée par les attachés de presse. Puis, j'ai continué à écumer les salles avec mon blog…
Je suis éblouie par le jeu de Lucie Bernardoni quand ça reprend, émue par l’histoire et je chante volontiers à tue-tête avec eux sur le final.
« Je vais t’aimer » s’achève. La promesse a été respectée. J’ai aimé. Et lorsque je foule les portes vers la sortie, je décide d’attendre. Attendre pour l’apercevoir. Avec Axel on a ce contrat tacite : la vie me le mettra sur le chemin, si on a besoin de se rencontrer vraiment, de se parler. Le lien de nos âmes suffit. Ni besoin d’attirer son attention, ni… Sa présence me rappelle de croire en mes rêves et…
Là j’ai un flash. Tout me revient en une seconde. Sur ce même trottoir, j’ai quoi ? 23, 24 ans ? Il joue dans “Le soldat rose”. IL, c’est le musicien dont je suis tombée amoureuse. Il jouait sur la tournée d’un artiste qui a été révélé par la Star Academy de l’époque. De fil en aiguille sur sa tournée, on s’est croisé. Et puis, je l’ai vu à Paris, une fois, deux fois. Avant même que j’y habite. Le regardant, le soutenant pour réaliser son rêve, sortir lui-même un album et jouer dans les petites salles parisiennes. Il était venu me voir à Lyon. On avait passé le 8 décembre ensemble. Irréaliste. J’en rêvais tellement. Ce soir-là, il m’a demandé « tu m’aimes ? ». Je ne savais pas si c’était son égo ou son cœur qui me demandait. Alors la question est restée sans réponse. Il est sorti avec une autre. Qui habitait loin aussi. Avant de recoucher avec moi quelques mois plus tard, la veille de l’entretien de mon premier CDI, à Paris, me disant cette phrase dont l’intention me restera en mémoire « il n’y a pas de mauvais choix, c’est juste un chemin plutôt qu’un autre ». Puis il s’est marié, avec une autre que moi. Mais dans cette histoire, il y a eu les possibles, un appartement parisien choisi à deux pas de son ancien chez lui… et le début de ma vie parisienne.
Alors oui, j’ai ressenti sur ce trottoir, l’intensité, l’amour, les espoirs déchus et la beauté de cette histoire qui a eu lieu il y a tant d’années maintenant. Qui n’est certainement pas anodine et que j’avais enfoui loin dans ma mémoire. Ce soir-là, il m’avait invité je crois. Je l’avais vu jouer dans “Le soldat rose”. J’étais fière et contente pour celui qui était alors devenu un ami. Sur ce même trottoir me voilà, tant d'années plus tard. Tout a changé et pourtant, tout est pareil.
Je me demande alors : de cette Amandine qui l’avait rencontré à 23/24 ans, que reste-t-il ? De cette fan girl qui arpentait la France : Nantes, Rennes, Strasbourg, Nancy et bien d’autres villes pour noyer son ennui et son devenir existentiel dans les concerts. Dans ce qui deviendra plus tard un métier.
Alors oui, ce soir, j’attends Axel, mais je suis différente du haut de mes 42 ans. Je souhaite juste humer l’ambiance. Je n’attends pas une attention de sa part pour exister. C’est ça être fan.
Je l’aperçois enfin. Axel, adorable, toujours dispo pour ses fans ; à tel point qu’il a à peine le temps de dire bonjour à une danseuse de la tournée de la star ac qui est venu l’applaudir. Les fans de la première heure sont là aussi. Je les reconnais. Je me reconnais.
Ce soir-là, je pleure de me retrouver sur ce trottoir au même âge qu’Axel. Une résonance d’âme je vous ai dit.
Alors je marche… Je marche pour rentrer et le métro le plus proche me mène à Saint Lazare. Là, je m’arrête une nouvelle fois. Cette place je la connais bien. Mes amies habitaient à côté. À Villiers, où j'ai ensuite trouvé mon premier CDI. L’univers a vraiment des façons de rendre les choses aussi fluides que amusantes parfois. Les hasards qui n’en sont pas. J’ai fait un nombre de trajets Lyon-Paris, Paris-Lyon incalculables, rendre visite à mes amies, revenir voir Rose en concert encore et toujours. Marcher dans les rues de Paris à 6h du mat’ pour prendre le premier train pour être à 9h à mon travail en CDD à Lyon. En profiter au maximum. Un vent de liberté. Un vent inconscient de… finalement peut-être un jour, j’y serai, j’y vivrai. Là, où tout se passe... Je me faufilais dans le métro, et je levais la tête, comme une dernière fois avant la prochaine, toujours au même endroit dans l’espace avant de prendre la ligne 14, cette ouverture qui donne sur le ciel, pour voir ce bout de toit bleu que j’allais choisir plus tard. Inlassablement Paris. Pour avoir la vie que j’aurai choisie.
Là, debout sur cette place, tout me revient. Ce que je pensais impossible à 24 ans, ce que je n’osais même pas rêvé, ce que je n’osais même pas imaginé, je l’ai réalisé : déménager à Paris, bosser dans les médias, à Psychologies.com d’abord, devenir journaliste ensuite, faire des interviews, des chroniques sur ma radio préférée, Radio Néo, bosser en télé… pas n’importe laquelle, M6 !
Alors à l’aube de ma “deuxième” vie, je me souviens que j’ai réalisé une première fois ce que je pensais impossible. M’en souvenir encore pour ce nouveau chapitre. L’envie de souffler dans l’oreille de l’Amandine de 24 ans qui passe là “Ne t’inquiète pas, tout ira bien, je suis fière de toi”.
Cette newsletter t’a plu ? Peut-être aimeras-tu Transfert ou je reviens sur l’aventure d’Axel dans la Star Academy justement…
J’ai adoré to histoire! Bravo ! Finalement, nous avons des point communs: j’ai moi-même été journaliste essentiellement à Paris durant ma première partie de vie. Mais j’étais pas fan d’Axel, ça c’est toi ♥️